Elle l’a bien fait pendant 108 ans. Ma grand-mère a rejoint le top 50 des doyens de France pendant un moment puis elle est partie voir ailleurs. A l’heure de l’apéro d’un jour de Juin. Comme si c’était devenu finalement moins intéressant. J’en parle ici car si je peins, c’est grâce à elle. Et une partie de ce que je suis dans ma peinture, c’est sans doute aussi grâce à elle. Une forte personnalité, ouverte, tolérante, piquante, pétillante … un esprit curieux qui a laissé une trace ferme dans le souvenir de ses 30 petits enfants, 66 arrières et 16 arrières arrières petits-enfants. Heureuse en mer, en voyage et derrière son chevalet. Toujours prête à dégainer le petit trait d’humour qui fait soudain prendre un bon vieux recul sur la situation, sur la vie et ceux qui la traversent. Bref, elle est un peu derrière toutes mes touches de couleur. Elle se serait délectée du ton un poil moqueur de ce petit article paru en Espagne sur mon travail juste après son départ… Délectée surtout du léger embarras laissé par mon message rectificatif et des condoléances pas banales qui s’en suivirent.
Dans les kiosques pour l’été
Ce magazine aura le droit de monter à bord cet été. Il traînera sans doute dans le cockpit à l’escale, entre le dernier Voiles & Voiliers, le catalogue U-ship et le pilote côtier du coin.
On s’est rencontré lors de mon exposition solo à la galerie Duvivier. Dominique Bosch tient ses promesses : le patron du premier magazine d’artistes en France m’avait promis un dossier dans son titre. Il a eu la gentillesse de me consacrer un « secret d’artiste » dans son numéro de l’été. Interview concoctée par la très sympathique journaliste Anna Lamotte dans un numéro qui sent bon la mer et les navigations à venir.
En cadeau de vacances, la couverture ! Cette petite toile de 50×50 cm (« Retour de régate ») destinée à un concours d’affiche pour les régates du Bois de la Chaize a raté sa cible… mais a trouvé les kiosques. Vous pourrez voir néanmoins l’original exposé par l’association la Chaloupe cet été sur le port de Noirmoutier. Un peu de lecture ? Les 8 pages sont là !
Vous ne devinerez jamais ce qui s’est passé dans cet atelier !
C’est l’atelier d’un photographe professionnel où mes toiles sont shootées en HD. C’est un endroit où des choses incroyables se sont passé. Ça va être un peu long mais ça vaut le coup : il y aura dans cette histoire Kissinger, un gros tilleul, Bernard, la guerre du Vietnam, une guinguette « de charme », Kroutchev et Gargarine, Fernand Léger, le PCF et des photos de nu . Ah… On veut bien être un peu patient tout d’un coup, pour Le gros tilleul !
Bernard Minier est maître des lieux. Mais ça lui a pris un peu de temps pour s’habituer. Joyeux mélange de Pierre Richard et Léo Ferré, spécialiste reconnu de la photo de nu, fondateur du superbe festival Européen de photo d’Arles, figure de la scène artistique locale et très agréable bonhomme. En plus d’être une pointure de l’image et un généreux personnage, Bernard habite dans des murs qui en ont vu de toutes les couleurs.
Construite en 1811, cette auberge devint une très populaire guinguette au début du XXeme siecle. La nouvelle voie ferrée a aidé. En semaine, elle livrait à la capitale les millions de pavés extraits des carrière de grès pour paver les rue de Paris. Le week-end elle livrait à Gif-sur-Yvette des parisiens en goguette trop heureux de se retrouver dans les bals de la grande salle de l’auberge, voire de prolonger les plaisir à l’étage avec les charmantes pensionnaires du lieu. Bref, « Le Gros tilleul » (c’est juste parce qu’il y en avait un dans la cour) démarre bien dans la vie.
Puis le grand Fernand léger. En 1953, celui que les poètes surnomment « la brute magnifique » ou « le paysan de l’avant garde » cherche un endroit à la démesure de ses toiles qui deviennent imposantes. Il trouve l’endroit en piètre état mais craque pour la salle de bal. Son nouvel atelier ! C’est là qu’il se sentira bien. Là où Bernard crée ses photos aujourd’hui, Fernand recevra ses amis (Robert Doisneau, Willy Ronis, Blaise Cendrars, Louis Aragon …) et produira de superbes toiles sur la thématique de la joie de vivre comme la célèbre « grande parade » (Guggenheim, NYC). Il y meurt trois ans plus tard.
Sa femme met la propriété à la disposition des cadres du parti communiste dont il était adhérent. Ils l’utilisent pour organiser des meetings et colloques… et pour offrir une petite pose champêtre à certains illustres visiteurs. Quand Khrouchtchev visite de Gaulle en 1960, il séjourne au « Gros tilleul ».
Quand Youri Gargarine cherche un endroit tranquille pour se reposer en été 1961 après sa triomphale entrée dans l’espace, il vient s’abriter à l’ombre du tilleul.
L’arbre a donc déjà hébergé des grands de l’histoire. Pourtant la plus belle visite que ses branches aient pu protéger reste à venir. Le 22 novembre 1972, Bernard qui est adolescent fan de photo rentre de la MJC où il développait ses négatifs et voit un échafaudage monté devant cette propriété, couvert de grappes de journalistes !!?
Ils ont suivi Kissinger depuis Orly. Henry est bien là, avec Lê Duc Tho, délégué du Nord-Viêt Nam à Paris, pour tenter de mettre fin à la guerre. Et c’est effectivement là que se décide secrètement ce qui permettra de signer les accords de Paix de Paris en janvier 1973.
Le tilleul d’origine n’est plus là aujourd’hui mais pour le reste, pas grand chose de changé dans la configuration des lieux. On comprend que Bernard ait mis un peu de temps à se sentir dans ses murs. Et j’avoue que j’aime bien l’idée que les clichés de mes toiles qui sont imprimées par Saatchi puissent être « certifiés label Gros Tilleul ».
L’amour dure trois ans. Voire plus.
Emergent. adj, naissant, qui commence à exister.
La première exposition a lieu il y a trois ans. Ce moment excitant et effrayant où tu prends le risque un peu fou de te déclarer. Coup de foudre. Cette deuxième peau d’artiste me plaît immédiatement. Beaucoup. On dit que trois ans, c’est la durée de l’amour. Ou bien plus longtemps paraît-il si l’on est capable de décrire le merveilleux.
Hmmm… Le merveilleux ? Il est là quand tu sens que l’œuvre en cours va être réussie. Quand tu finis une toile avec la touche de blanc pur qui fait claquer la lumière. Quand tu vois un visiteur depuis dix minutes en arrêt, le regard plongé dans un tableau. Quand un amateur réussit à décrire les émotions ressenties grâce à l’image. Quand ces émotions génèrent des rencontres surprenantes. Dans des régions du monde inattendues. Quand un collectionneur devient un ami. Quand une gallerie croit en ton potentiel et prend le risque de promouvoir ton travail. Quand tu as la chance de te sentir heureux le pinceau à la main …
Donc, je suis d’accord pour plus longtemps si c’est possible ! Cela tombe bien : juste trois ans après le coup de foudre et une demi-douzaine d’expos, Saatchi art m’a demandé une visite d’atelier et une interview pour « Inside the studio ». Ils ont décidé que je serais désormais artiste émergent. . Et comme c’est la plus grande galerie d’art contemporain on-line au monde, je dois bien envisager de les croire. C’est pas merveilleux ?
Ce geste dit que la journée sera belle
Il y a des attitudes. Des gestes automatiques, rituels. Quand ils sont fait au bord de l’océan le matin avec cette belle lumière d’Est, ils n’ont plus vraiment la même valeur. Ici , le geste est beau à regarder Mais surtout, il parle : il déclare cette journée belle et réussie. Par avance. C’est comme ça !
L’étonnante rencontre de Kane et Sandra au Nord de la Sunshine Coast
Il y a quelques semaines, je ne connaissais encore aucun des deux. J’avais juste une très belle image dans mon tiroir à inspirations. Je me décidai à la peindre dans mon atelier de Noirmoutier.
Contrairement à ce que je fais habituellement dans ce cas, cette fois je réalise la peinture avant de contacter le photographe et je choisis d’imaginer la petite histoire derrière l’image avant de baptiser la toile. Après plusieurs journées passés à la peindre, je conclue qu’il s’agit plutôt une lumière de coucher que d’un lever. J’imagine une plage d’Indonésie ou d’Australie.
Cette lumière me fascine. Elle me rappelle ces fins d’après midi où les conditions sont tellement bonnes pour le windsurf que l’on ne peut plus décider d’arrêter. L’obscurité finit par trancher. Mais on est quand même tenter d’y retourner pour une bonne dernière belle sensation. J’appelle donc cette toile « Une petite dernière vite fait ? ». Et juste avant de poster cette peinture sur ma page Facebook, je recherche l’auteur de l’image. Je tombe sur Kane Brown, un jeune photographe australien talentueux de Queensland. Message envoyé à 23:00 en lui demandant l’autorisation de publier, et s’il aurait la gentillesse de me raconter un peu d’histoire de cette image.
Réponse dans ma boîte avant le p’tit déj. Kane est OK pour publier. Cette photo fait partie d’une série qui a connu un beau succès. Sandra est à l’origine de ce cliché incroyable. Sandra, c’est le cyclone qui a levé de sévères brises au large de la mer de Corail il y a un an. Kane et ses potes savaient qu’en cas de très gros swell, un spot au Nord de la Sunshine coast pouvait donner des vagues juste parfaites. Des heures de routes en matinée… sans savoir si la récompense serait là. Comme le swell est énorme, les conditions sont impraticables sur la plupart des plages aux alentours. Finalement, arrivée sur LA plage en milieu d’après-midi. Totalement déserte. Lumière parfaite. Vagues divines.
Kane a profité du swell de Sandra littéralement jusqu’à la nuit. Et ce dos sur l’image, c’est un de ses amis qui ne résiste pas à la tentation d’y retourner. Prendre une dernière vague avant que cela devienne vraiment trop sombre. La peinture était donc bien nommée… mais cette histoire me donne envie de le rebaptiser. Ce sera plutôt « Swell Sandra » (Swell girl = Chic fille). Merci Kane !! 🙂
Pink mermaid
Mais où sera Zabou Breitman après les Césars 2014 ?
A Gif-sur-Yvette bien sûr ! J’aime bien Zabou Breitman. En la voyant jouer dans « Le premier jour du reste de ta vie » cet été là de 2008, j’ai senti que le reste de ma vie allait être différent. Et qu’il y aurait de quoi « se souvenir des belles choses ». Je me suis remis à peindre cet été là.
Or donc, Zabou, après avoir remis son César à Niels Arestrup hier soir, viendra jouer « la compagnie des spectres » sur les planches de ma ville de Gif en mars. Ceci m’offre le délicieux privilège de partager l’actualité culturelle du mois avec elle (et Anaïs). C’est beau, c’est bath, c’est chouette, comme dirait Gabin.
22 toiles seront accrochées pour cette expo « Acqua di blue », dont 4 inédites. Vernissage Vendredi 7 mars à partir de 19h00. Tout est expliqué là.
Les Régates du Bois de la Chaise 2014
Le bois de la Chaise, c’est un endroit magique sur l’île de Noirmoutier. Les régates du bois de la Chaise, c’est un moment magique au large de ce bois. Le 15 août de chaque été, depuis 1894. Ce qui se fait de plus racé, élancé ou simplement charmant comme voilier traditionnel se retrouve à régater devant des plages cernées de chênes verts. L’association « la Chaloupe » a fait revivre ces régates il y a … 25 ans. L’occasion d’organiser un concours de peinture pour l’affiche de cette année. Ces régates, c’est bien sûr l’échouage spectaculaire et convivial sur la plage des Dames, la joyeuse et populaire remontée du port. Et … c’est les régates !
Du fidèle Pen Duick aux petits canots locaux, 140 voiliers bois élancent leurs gréements dans la brise thermique. Beaucoup de petits équipages familiaux qui ne rateraient ce moment pour rien au monde, se battent avec ardeur entre les bouées puis rentrent sagement se poser au corps mort quand le vent descend avec le soleil. C’est l’image d’un moment où l’on refait le film des bords tirés dans la journée, et on anticipe celui des apéros à partager dans la soirée 🙂
Mon père a gagné à plusieurs reprises les régates dans sa catégorie, sur un voilier de sa fabrication. Un de mes fils est devenu charpentier de marine. Je ne saurai pas fabriquer un canot moi-même ni gagner une régate dessus … mais j’adorerai peindre une affiche pour ces mythiques régates qui m’ont déjà inspiré « lendemain de régate » et « 8mJ sous spi » !
Le bonheur du Vernissage
C’était le 7. Bon chiffre. Nous étions nombreux dans la galerie Duvivier, chaleureusement accueillis par Valérie dans son espace. J’adore ce moment.
Les toiles sagement accrochées au mur sont un parfait prétexte. Pour se retrouver là ce soir, pour enclencher un premier morceau de conversation. Le Champagne et les petits fours prennent le relai pour nous installer dans cet instant joyeux. Parler des peintures d’océan, c’est surtout l’occasion de retrouver plein d’amis et de faire de nouvelle rencontres. Suivre le relief d’une toile, se raconter les nouvelles des derniers mois. Toucher les couleurs, annoncer les nouveaux projets. C’est le bonheur du vernissage.
Un moment vraiment privilégié. La plupart de ceux que j’aime sont là ou représentés. Les autres m’ont laissé un mot doux et je sais qu’ils sont là tout en étant loin.
Pourquoi appelle-t-on cela un vernissage ? Parce qu’autrefois c’était l’occasion d’une soirée de « pré-ouverture » , la veille du démarrage de l’exposition, où l’artiste avait l’occasion de vernir ses toiles et de leur donner éventuellement une dernière touche avant l’ouverture au public.