Cette toile là est née un matin sur une plage déserte d’Amorgos, en Grèce. Un cliché pris depuis le bout d’une jetée fragile.
Les reflets puissants qui jouent avec la surface créent un contraste fort et imaginent ce vert émeraude dense sous lequel se faufile ma fille avant d’aller prendre son petit déjeuner. Pas même le temps d’être verni, le tableau « Under the Levrossos beach » était attrapé à la sortie de son bain via Facebook par une charmante collectionneuse en Floride. Autorisation de sortie in extremis pour être exposée à Neuilly et Gif-sur-Yvette avant de s’envoler au-dessus de l’Atlantique.
Moins d’un an plus tard, le directeur artistique de la revue 71% me demande les droits de cette image pour illustrer un numéro spécial Arts. J’aime bien le nom de cette revue. L’homme est un être d’eau(65%) qui vit sur une planète d’eau (71%). Les lecteurs de cette revue qui naviguent sur des unités de plus de 40 mètres ont leur manière bien à eux d’en profiter. Ils seront 10.000 à le feuilleter, en anglais ou en mandarin. Certains naviguent encore à la voile et offrent à des chantiers navals privilégiés l’occasion de réaliser des chefs d’œuvre insensés. Dans le monde de rêve qui s’ouvre entre les pages de ce magazine, c’est ceux qui m’inspirent le plus. Rêver sur l’eau, c’est toujours délicieux. Et en attendant de vous offrir un super yacht, vous pouvez commencer par feuilleter ce splendide magazine ici.
Ce bain était tellement bon. On se sent tellement bien maintenant. Profiter de l’instant. Suivre les vagues. La tête dans les nuages, les pieds dans le sable. Chaud. Le regard perdu, loin, dans les partitions de bleus. Instant parfait. On ne sait plus exactement où l’on est. Mais ce goût du sel sur les lèvres : on sait que l’on vient de l’océan.
Elle l’a bien fait pendant 108 ans. Ma grand-mère a rejoint le top 50 des doyens de France pendant un moment puis elle est partie voir ailleurs. A l’heure de l’apéro d’un jour de Juin. Comme si c’était devenu finalement moins intéressant. J’en parle ici car si je peins, c’est grâce à elle. Et une partie de ce que je suis dans ma peinture, c’est sans doute aussi grâce à elle. Une forte personnalité, ouverte, tolérante, piquante, pétillante … un esprit curieux qui a laissé une trace ferme dans le souvenir de ses 30 petits enfants, 66 arrières et 16 arrières arrières petits-enfants. Heureuse en mer, en voyage et derrière son chevalet. Toujours prête à dégainer le petit trait d’humour qui fait soudain prendre un bon vieux recul sur la situation, sur la vie et ceux qui la traversent. Bref, elle est un peu derrière toutes mes touches de couleur. Elle se serait délectée du ton un poil moqueur de ce petit article paru en Espagne sur mon travail juste après son départ… Délectée surtout du léger embarras laissé par mon message rectificatif et des condoléances pas banales qui s’en suivirent.
Ce magazine aura le droit de monter à bord cet été. Il traînera sans doute dans le cockpit à l’escale, entre le dernier Voiles & Voiliers, le catalogue U-ship et le pilote côtier du coin.
On s’est rencontré lors de mon exposition solo à la galerie Duvivier. Dominique Bosch tient ses promesses : le patron du premier magazine d’artistes en France m’avait promis un dossier dans son titre. Il a eu la gentillesse de me consacrer un « secret d’artiste » dans son numéro de l’été. Interview concoctée par la très sympathique journaliste Anna Lamotte dans un numéro qui sent bon la mer et les navigations à venir.
En cadeau de vacances, la couverture ! Cette petite toile de 50×50 cm (« Retour de régate ») destinée à un concours d’affiche pour les régates du Bois de la Chaize a raté sa cible… mais a trouvé les kiosques. Vous pourrez voir néanmoins l’original exposé par l’association la Chaloupe cet été sur le port de Noirmoutier. Un peu de lecture ? Les 8 pages sont là !
C’est l’atelier d’un photographe professionnel où mes toiles sont shootées en HD. C’est un endroit où des choses incroyables se sont passé. Ça va être un peu long mais ça vaut le coup : il y aura dans cette histoire Kissinger, un gros tilleul, Bernard, la guerre du Vietnam, une guinguette « de charme », Kroutchev et Gargarine, Fernand Léger, le PCF et des photos de nu . Ah… On veut bien être un peu patient tout d’un coup, pour Le gros tilleul !
Bernard Minier est maître des lieux. Mais ça lui a pris un peu de temps pour s’habituer. Joyeux mélange de Pierre Richard et Léo Ferré, spécialiste reconnu de la photo de nu, fondateur du superbe festival Européen de photo d’Arles, figure de la scène artistique locale et très agréable bonhomme. En plus d’être une pointure de l’image et un généreux personnage, Bernard habite dans des murs qui en ont vu de toutes les couleurs.
Construite en 1811, cette auberge devint une très populaire guinguette au début du XXeme siecle. La nouvelle voie ferrée a aidé. En semaine, elle livrait à la capitale les millions de pavés extraits des carrière de grès pour paver les rue de Paris. Le week-end elle livrait à Gif-sur-Yvette des parisiens en goguette trop heureux de se retrouver dans les bals de la grande salle de l’auberge, voire de prolonger les plaisir à l’étage avec les charmantes pensionnaires du lieu. Bref, « Le Gros tilleul » (c’est juste parce qu’il y en avait un dans la cour) démarre bien dans la vie.
Puis le grand Fernand léger. En 1953, celui que les poètes surnomment « la brute magnifique » ou « le paysan de l’avant garde » cherche un endroit à la démesure de ses toiles qui deviennent imposantes. Il trouve l’endroit en piètre état mais craque pour la salle de bal. Son nouvel atelier ! C’est là qu’il se sentira bien. Là où Bernard crée ses photos aujourd’hui, Fernand recevra ses amis (Robert Doisneau, Willy Ronis, Blaise Cendrars, Louis Aragon …) et produira de superbes toiles sur la thématique de la joie de vivre comme la célèbre « grande parade » (Guggenheim, NYC). Il y meurt trois ans plus tard.
Sa femme met la propriété à la disposition des cadres du parti communiste dont il était adhérent. Ils l’utilisent pour organiser des meetings et colloques… et pour offrir une petite pose champêtre à certains illustres visiteurs. Quand Khrouchtchev visite de Gaulle en 1960, il séjourne au « Gros tilleul ».
Quand Youri Gargarine cherche un endroit tranquille pour se reposer en été 1961 après sa triomphale entrée dans l’espace, il vient s’abriter à l’ombre du tilleul.
L’arbre a donc déjà hébergé des grands de l’histoire. Pourtant la plus belle visite que ses branches aient pu protéger reste à venir. Le 22 novembre 1972, Bernard qui est adolescent fan de photo rentre de la MJC où il développait ses négatifs et voit un échafaudage monté devant cette propriété, couvert de grappes de journalistes !!?
Le tilleul d’origine n’est plus là aujourd’hui mais pour le reste, pas grand chose de changé dans la configuration des lieux. On comprend que Bernard ait mis un peu de temps à se sentir dans ses murs. Et j’avoue que j’aime bien l’idée que les clichés de mes toiles qui sont imprimées par Saatchi puissent être « certifiés label Gros Tilleul ».
La première exposition a lieu il y a trois ans. Ce moment excitant et effrayant où tu prends le risque un peu fou de te déclarer. Coup de foudre. Cette deuxième peau d’artiste me plaît immédiatement. Beaucoup. On dit que trois ans, c’est la durée de l’amour. Ou bien plus longtemps paraît-il si l’on est capable de décrire le merveilleux.
Hmmm… Le merveilleux ? Il est là quand tu sens que l’œuvre en cours va être réussie. Quand tu finis une toile avec la touche de blanc pur qui fait claquer la lumière. Quand tu vois un visiteur depuis dix minutes en arrêt, le regard plongé dans un tableau. Quand un amateur réussit à décrire les émotions ressenties grâce à l’image. Quand ces émotions génèrent des rencontres surprenantes. Dans des régions du monde inattendues. Quand un collectionneur devient un ami. Quand une gallerie croit en ton potentiel et prend le risque de promouvoir ton travail. Quand tu as la chance de te sentir heureux le pinceau à la main …
Donc, je suis d’accord pour plus longtemps si c’est possible ! Cela tombe bien : juste trois ans après le coup de foudre et une demi-douzaine d’expos, Saatchi art m’a demandé une visite d’atelier et une interview pour « Inside the studio ». Ils ont décidé que je serais désormais artiste émergent. . Et comme c’est la plus grande galerie d’art contemporain on-line au monde, je dois bien envisager de les croire. C’est pas merveilleux ?
Il y a des attitudes. Des gestes automatiques, rituels. Quand ils sont fait au bord de l’océan le matin avec cette belle lumière d’Est, ils n’ont plus vraiment la même valeur. Ici , le geste est beau à regarder Mais surtout, il parle : il déclare cette journée belle et réussie. Par avance. C’est comme ça !
Il y a quelques semaines, je ne connaissais encore aucun des deux. J’avais juste une très belle image dans mon tiroir à inspirations. Je me décidai à la peindre dans mon atelier de Noirmoutier.
Contrairement à ce que je fais habituellement dans ce cas, cette fois je réalise la peinture avant de contacter le photographe et je choisis d’imaginer la petite histoire derrière l’image avant de baptiser la toile. Après plusieurs journées passés à la peindre, je conclue qu’il s’agit plutôt une lumière de coucher que d’un lever. J’imagine une plage d’Indonésie ou d’Australie.
Cette lumière me fascine. Elle me rappelle ces fins d’après midi où les conditions sont tellement bonnes pour le windsurf que l’on ne peut plus décider d’arrêter. L’obscurité finit par trancher. Mais on est quand même tenter d’y retourner pour une bonne dernière belle sensation. J’appelle donc cette toile « Une petite dernière vite fait ? ». Et juste avant de poster cette peinture sur ma page Facebook, je recherche l’auteur de l’image. Je tombe sur Kane Brown, un jeune photographe australien talentueux de Queensland. Message envoyé à 23:00 en lui demandant l’autorisation de publier, et s’il aurait la gentillesse de me raconter un peu d’histoire de cette image.
Réponse dans ma boîte avant le p’tit déj. Kane est OK pour publier. Cette photo fait partie d’une série qui a connu un beau succès. Sandra est à l’origine de ce cliché incroyable. Sandra, c’est le cyclone qui a levé de sévères brises au large de la mer de Corail il y a un an. Kane et ses potes savaient qu’en cas de très gros swell, un spot au Nord de la Sunshine coast pouvait donner des vagues juste parfaites. Des heures de routes en matinée… sans savoir si la récompense serait là. Comme le swell est énorme, les conditions sont impraticables sur la plupart des plages aux alentours. Finalement, arrivée sur LA plage en milieu d’après-midi. Totalement déserte. Lumière parfaite. Vagues divines.
Kane a profité du swell de Sandra littéralement jusqu’à la nuit. Et ce dos sur l’image, c’est un de ses amis qui ne résiste pas à la tentation d’y retourner. Prendre une dernière vague avant que cela devienne vraiment trop sombre. La peinture était donc bien nommée… mais cette histoire me donne envie de le rebaptiser. Ce sera plutôt « Swell Sandra » (Swell girl = Chic fille). Merci Kane !! 🙂
A Gif-sur-Yvette bien sûr ! J’aime bien Zabou Breitman. En la voyant jouer dans « Le premier jour du reste de ta vie » cet été là de 2008, j’ai senti que le reste de ma vie allait être différent. Et qu’il y aurait de quoi « se souvenir des belles choses ». Je me suis remis à peindre cet été là.
Or donc, Zabou, après avoir remis son César à Niels Arestrup hier soir, viendra jouer « la compagnie des spectres » sur les planches de ma ville de Gif en mars. Ceci m’offre le délicieux privilège de partager l’actualité culturelle du mois avec elle (et Anaïs). C’est beau, c’est bath, c’est chouette, comme dirait Gabin.
22 toiles seront accrochées pour cette expo « Acqua di blue », dont 4 inédites. Vernissage Vendredi 7 mars à partir de 19h00. Tout est expliqué là.