Ma fille et un de mes fils ont parcouru les Gorges de Samaria (Crète) puis sont arrivés à une petite jetée. La baignade s’imposait. Plongeon après plongeon, la chaleur est devenue un peu plus supportable. La main gauche s’apprête à agripper la chaîne joliment rouillée. Ce n’est que l’affaire de quelques secondes: le temps de se redresser sur le quai, balayer du regard la Méditérannée brillante à perte de vue, sentir l’épiderme déjà se réchauffer, s’émerveiller de la transparence et du dessin sublime des fonds. Plonger encore!
Elle est arrivée comme ça par surprise. Par la poste: une carte de voeux envoyée par mes tous premiers collectionneurs. L’image m’intéresse. Quelques mois plus tard, elle est devenue une toile. Pas simple à peindre. Mais j’aimais beaucoup la file indienne en bordure de piscine, les reflets, et surtout la posture du petit dernier en premier plan… Elle crée une histoire, on peut deviner une conversation. Je dois remercier ses parents de m’avoir laissé le peindre de dos. Promis. Il aura son portrait de face un jour.
« Aimée de tous ». C’est le prénom malgache du modèle. Accoudée au bord de la piscine sur la terrasse d’une maison troglodyte, en contrebas d’Oia,
Nea Kameni est le volcan qu’elle regarde. Au coeur de la magnifique caldera de Santorin.
J’ai attaqué la sous-couche de cette toile en rouge et j’ai aimé ce que cela produisait. Après de nombreuses étapes, le rouge est resté. Et pourrait bien devenir le fil conducteur de cette nouvelle saison de peinture.
1er Janvier 2019. Je progresse sur une nouvelle toile. Perdu dans des volutes de vert. Concentré sur des pieds dans l’eau au bout dune petite jetée grecque. Je fais partager le plaisir de mes coups de pinceau via un « live » sur Instagram. Un follower me demande si cette toile est déjà vendue ou réservée. En fait non: ce n’est pas une commande et je viens de la démarrer. Sa femme et lui décident donc de me l’acheter. Voilà. Comme ça!
Stupéfaction: Ils achètent une oeuvre en cours de route. Je ne sais pas encore moi-même à quoi elle ressemblera une fois terminée. Ils n’ont jamais vu aucune de mes toiles en vrai. Oui mais… ils connaissent mon travail depuis longtemps, nous avions déjà eu plusieurs conversations à distance, et ils sont convaincu que cette toile leur plaira.
La toile a évoluée. Je l’ai terminée. Ils l’ont aimée. Elle a rejoint une maison de collectionneurs qui savent prendre de belles résolutions de nouvel an.
Le dernier tableau de ma série jaune inspirée d’images d’Amorgos s’appelle… jaune (kitrinos en grec). En le peignant, j’ai été intrigué par l’effet intéressant du rouge. Le visage est resté bloqué longtemps sur cette note très chaude, jusqu’à ce que je me décide à le ramener à des teintes classiques. Accident de parcours ou signe annonciateur d’une exploration rouge? L’avenir nous le dira.
Le travail sur les reflets sous-marins à la surface était un pur bonheur. Ces contrastes multicolores, aléatoires en apparence, qui forment pourtant du liquide et du lumineux. j’adore jouer avec ça.
Je n’avais pas d’idée de titre pour celle-là. J’ai fait un appel à la créativité sur Facebook. Un ami collectionneur néo-zélandais a proposé « bumblebee » (bourdon). Je lui ai demandé pourquoi. Sa réponse m’a bien plu: « pour moi, Bumblebee évoque un sentiment nostalgique d’innocence et une joie indicible d’être ». Bien sûr. Pourquoi pas… La beauté subjective des sentiments ressentis face à une oeuvre est souvent plus intéressante que l’oeuvre elle-même. J’aime bien ça!
J’ai assez d’images en stock pour peindre des reflets jaunes sous-marins pendant des années. J’aime toujours autant jouer avec ce miroir aléatoire: ce qui se joue à la surface vue d’en bas est d’une créativité infinie.
Et même si cette partie de la toile répond aux mêmes exigences de dessin et de couleur, elle conduit vers l’abstrait un peu plus vite. J’aime bien cela. Probable que cette partie-là prenne un peu plus de place dans mes tableaux à venir.
La pêche à la crevette. L’activité traverse les siècles. Le design du filet aussi. Un format pour chaque âge. Il faisait super beau ce matin. Pas mal de vent. On était bien tous ensemble sur cette grande marée de Pâques. Tu m’attends en bas de la dune pour me montrer la plus grosse de tes minuscules prises. Elles vont toutes finir ensemble de toute façon. Joyeusement ébouillantées vers le plus beau des apéros. Ces petites grises s’avalent toute entières. Option luxe: alignées sur une tartine beurrée à la fleur de sel.
Elena Iv-skaya est née dans l’extrême-orient russe, au bord de la rivière Amour et à deux pas de la frontière chinoise. Modèle devenue photographe par hasard. Vous pourrez vérifier là que le hasard fait les choses de manière remarquable. Elle vit aujourd’hui à la Réunion.
Cette surdouée de la composition laisse exploser sa créativité colorée au milieu de cette luxuriante île. C’est de là qu’elle m’a gentiment répondu « oui » quand j’ai demandé l’autorisation de m’inspirer de l’un de ses clichés. Elena est une sorte de fleuriste des temps modernes. Elle compose. Sélectionne ses fleurs avec une précision sans concession. Cueille des modèles qui trouvent parfaitement leur place dans ses bouquets de couleurs graphiques. Un casting d’une personnalité folle. On dirait que leurs visages ont été dessinés pour sa lumière. Les fleurs fanent. Les modèles d’Elena éclosent sous on objectif.
La fleur du jour sur ce diptyque est Sarah Akrour. Des yeux de piscine. Une blondeur à la peau de sable.
D’une fleur à l’autre. Encore plus rare, Oulimata Gallet. Mannequin sénégalaise hyper prometteuse. Certains clichés d’Elena avec Oulimata me fascinent. J’ai commencé à griffoner un sketch avec l’un d’entre eux dans l’avion.
Je surveille désormais Elena, Sarah et Oulimata. Trois sources d’inspiration.
Les volutes de lumières inventées par les vaguelettes de surface sont d’une créativité infinie. Cela fait partie des spectacles que je ne me lasserai jamais de regarder. Comme les flammes qui dansent. Comme les nuages qui fondent, …
Celles-là ont été dessinées un matin d’Août 2017 sur une plage d’Amorgos.