C’est l’atelier d’un photographe professionnel où mes toiles sont shootées en HD. C’est un endroit où des choses incroyables se sont passé. Ça va être un peu long mais ça vaut le coup : il y aura dans cette histoire Kissinger, un gros tilleul, Bernard, la guerre du Vietnam, une guinguette « de charme », Kroutchev et Gargarine, Fernand Léger, le PCF et des photos de nu . Ah… On veut bien être un peu patient tout d’un coup, pour Le gros tilleul !
Bernard Minier est maître des lieux. Mais ça lui a pris un peu de temps pour s’habituer. Joyeux mélange de Pierre Richard et Léo Ferré, spécialiste reconnu de la photo de nu, fondateur du superbe festival Européen de photo d’Arles, figure de la scène artistique locale et très agréable bonhomme. En plus d’être une pointure de l’image et un généreux personnage, Bernard habite dans des murs qui en ont vu de toutes les couleurs.
Construite en 1811, cette auberge devint une très populaire guinguette au début du XXeme siecle. La nouvelle voie ferrée a aidé. En semaine, elle livrait à la capitale les millions de pavés extraits des carrière de grès pour paver les rue de Paris. Le week-end elle livrait à Gif-sur-Yvette des parisiens en goguette trop heureux de se retrouver dans les bals de la grande salle de l’auberge, voire de prolonger les plaisir à l’étage avec les charmantes pensionnaires du lieu. Bref, « Le Gros tilleul » (c’est juste parce qu’il y en avait un dans la cour) démarre bien dans la vie.
Puis le grand Fernand léger. En 1953, celui que les poètes surnomment « la brute magnifique » ou « le paysan de l’avant garde » cherche un endroit à la démesure de ses toiles qui deviennent imposantes. Il trouve l’endroit en piètre état mais craque pour la salle de bal. Son nouvel atelier ! C’est là qu’il se sentira bien. Là où Bernard crée ses photos aujourd’hui, Fernand recevra ses amis (Robert Doisneau, Willy Ronis, Blaise Cendrars, Louis Aragon …) et produira de superbes toiles sur la thématique de la joie de vivre comme la célèbre « grande parade » (Guggenheim, NYC). Il y meurt trois ans plus tard.
Sa femme met la propriété à la disposition des cadres du parti communiste dont il était adhérent. Ils l’utilisent pour organiser des meetings et colloques… et pour offrir une petite pose champêtre à certains illustres visiteurs. Quand Khrouchtchev visite de Gaulle en 1960, il séjourne au « Gros tilleul ».
Quand Youri Gargarine cherche un endroit tranquille pour se reposer en été 1961 après sa triomphale entrée dans l’espace, il vient s’abriter à l’ombre du tilleul.
L’arbre a donc déjà hébergé des grands de l’histoire. Pourtant la plus belle visite que ses branches aient pu protéger reste à venir. Le 22 novembre 1972, Bernard qui est adolescent fan de photo rentre de la MJC où il développait ses négatifs et voit un échafaudage monté devant cette propriété, couvert de grappes de journalistes !!?
Ils ont suivi Kissinger depuis Orly. Henry est bien là, avec Lê Duc Tho, délégué du Nord-Viêt Nam à Paris, pour tenter de mettre fin à la guerre. Et c’est effectivement là que se décide secrètement ce qui permettra de signer les accords de Paix de Paris en janvier 1973.
Le tilleul d’origine n’est plus là aujourd’hui mais pour le reste, pas grand chose de changé dans la configuration des lieux. On comprend que Bernard ait mis un peu de temps à se sentir dans ses murs. Et j’avoue que j’aime bien l’idée que les clichés de mes toiles qui sont imprimées par Saatchi puissent être « certifiés label Gros Tilleul ».
Bonjour, je suis un des gendarmes qui surveillaient la maison durant les accords de Paix de la Guerre du Viet-Nam. J’ai même « coupé » la circulation devant la maison le jour de l’annonce de la signature. Les autorités sont même venues sur la rue pour faire cette annonce aux journalistes qui, effectivement avaient bien installé un genre
d’échafaudage pour dominer la situation. Plus tard, une plaque commémorant cet événement a été apposée sur un mur de la propriété mais les termes employés n’ont pas plu à certaines parties d’après ce que l’on m’a rapporté. Toujours est-il que ce jour-là, j’ai bu le Champagne en compagnie des autorités Viet-Namiennes et de Mr.Roland LEROY, le patron ou futur patron à l’époque du journal L’HUMANITE. Rencontré, en juillet 2000 à BARJAC -(30)- à la Fête de Jean FERRAT, nous avons arrosé ensemble le souvenir de cet événement. Bien Amicalement. Christian G.
Bonjour Christian,
Merci d’avoir pris le temps de partager ce souvenir. Quelle chance vous avez eu d’assister à cet évènement incroyable.
Amicalement, Antoine