Elle est arrivée comme ça par surprise. Par la poste: une carte de voeux envoyée par mes tous premiers collectionneurs. L’image m’intéresse. Quelques mois plus tard, elle est devenue une toile. Pas simple à peindre. Mais j’aimais beaucoup la file indienne en bordure de piscine, les reflets, et surtout la posture du petit dernier en premier plan… Elle crée une histoire, on peut deviner une conversation. Je dois remercier ses parents de m’avoir laissé le peindre de dos. Promis. Il aura son portrait de face un jour.
La pêche à la crevette. L’activité traverse les siècles. Le design du filet aussi. Un format pour chaque âge. Il faisait super beau ce matin. Pas mal de vent. On était bien tous ensemble sur cette grande marée de Pâques. Tu m’attends en bas de la dune pour me montrer la plus grosse de tes minuscules prises. Elles vont toutes finir ensemble de toute façon. Joyeusement ébouillantées vers le plus beau des apéros. Ces petites grises s’avalent toute entières. Option luxe: alignées sur une tartine beurrée à la fleur de sel.
Ce n’est pas un hymne à la patrie. A la fratrie plutôt. Elle, c’est ma petite soeur, avec son Marcello bigorneau dans les bras. Elle habite à Marseille, voilà, c’est tout. Enfin non. C’est pas complètement tout: la Marseillaise en question est aussi une graphiste et une peintre de talent. Particulièrement douée pour simplifier les formes et les couleurs.
La partie de ce tableau que je préfère: l’ombre des bagues sur les doigts d’une main qui sert fort la serviette de bain pour maintenir son petit gars bien accroché.
Cette île-là se mérite. La Gomera: un petit caillou au Sud des Canaries. Un Cône qui arrête les nuages sur sa pointe et entretient une forêt millénaire sur son toît. C’est par là que passaient toutes les marchandises pour circuler d’une vallée à l’autre. Le centre d’une étoile de ravins qui tombent dans un Atlantique sauvage.
Une communication si compliquée que s’y est développée une langue unique: el silbo Gomero. La seule langue sifflée au monde. Encore parlée par la plupart des 20 000 habitants de l’île. Inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. « Le Grand Bleu » m’avait mis sur la piste d’Amorgos. Le clip « Silbo » du chanteur Féloche m’a entraîné sur cette île étonnante. Le royaume des lauriers centenaires, des bananiers, des baleines… et des randonneurs. Les balades sont toutes spectaculaires. Comme celle qui mène à Alojera. Le genre de coin où on arrive pas par hasard. Un minuscule port lové au creux d’une petite anse.
Une des rares qui ne se trouve pas au fond d’un ravin. L’endroit est austère. Semble destiné à encaisser les tempêtes d’Ouest. Sa jetée en premier rôle. Si vous êtes au bout, cela ressemble à cela par beau temps. Et si vous y rester jusqu’en fin d’après-midi, vous réalisez qu’après une journée à casser de la houle le coin se régale en soirée d’un coucher de soleil qui permet de mieux comprendre les habitués en terrasse.
Ces matins d’été: quand la mer est d’huile, le soleil chaud et la mer haute… Le vent a disparu. Les plannings aussi. Aucune espèce d’organisation ne résiste à ce temps là. La contrainte minimum du déjeuner de famille cède tacitement. Les enfants s’éparpillent, chacun à son plaisir improvisé. S’offrir un festin de baignades par exemple.
Passer d’une crique à l’autre, d’une plage à l’autre. Plonger de l’estacade, puis des rochers de l’Anse Rouge, puis de la jetée Lasserre au Nord des Souzeaux… remonter dans le bois de la Chaize côté Ouest, et finalement bifurquer à droite pour retrouver l’étendue de la Clère s’afficher en panorama large au bout d’un canyon de chênes verts et de pins. La serviette commence à être franchement humide. Hâte de retrouver le sable chaud dans quelques mètres. Et ce repère familier qui va apparaître légèrement sur la droite: le rocher du Cob.
« Patito » – Antoine Renault – 50×50 cm – acrylic on canvas
« Patito » en espagnol, c’est « caneton ». Mais ça marche aussi pour « petit chou ». Les deux fonctionnent bien avec cette image. Je ne connais pas le chou en question, mais il y a un peu plus d’un an, sa maman qui suit mon travail m’a envoyé un mot franchement sympathique avec des photos de son fiston qui lui semblaient pouvoir inspirer un jour une de mes toiles. Bonne pioche : c’est chose faite depuis le week-end dernier. Et j’aurai la joie de rencontre la maman au vernissage de ce vendredi :). Je ne sais pas encore où a été prise la photo originale, mais cela me rappelle de très bon moment avec mes fils, il y a bien longtemps de cela, dans les contre-jours hors saison, sur la plage de La Baule … qui reste quand même un très bel endroit (quand on regarde vers l’océan 🙂 !
La Clère, c’est le nom de ma plage. La plage, c’est là où toute les belles histoires commencent pour moi. Dans cette image, je retrouve la chaleur de l’été en début d’après-midi, juste après le café. On est sur la terrasse.
"On se retrouve a la clère ?" - A Renault 2013 - Acrylic on canvas 73x54cm
J’entends le vent thermique souffler en tête des chênes verts, prometteurs de belles glissages en windsurfs pendant quelques heures. En attendant de propulser les voiles, il s’amuse dans la tignasse de ma fille. J’entends aussi les vagues qui commencent à rouler un peu plus bruyamment sur la plage à cinquante mètres de là. On est sur la terrasse. Des tomettes anciennes qui renvoient une lumière ocre dans les ombres du T-shirt. C’est ici que l’on viendra prendre un thé après quelques heures en mer. Quand le soleil descend à l’Ouest. On y est si bien qu’on y égare volontiers son temps au soleil à bavarder. La lumière y est forte. Elle rend les silhouettes belles et l’envie de photographier forte. C’est souvent là où l’on se dit au revoir à la fin des vacances. Au revoir à cet amour d’île avec un petit pincement au coeur.