De la chance d’exposer

antoinerenault exposition exhibitionVoilà… La salle immense est vide. Elle a abrité du sel pendant des siècles. De l’océan, du vent et du soleil pendant 10 jours. Je claque l’énorme porte en chêne massif. Je mets en bouteille un grand cru de beaux moments.

Un an que je travaillais dans mon atelier d’Amsterdam en pensant à cet endroit. Chaque week-end, le stock de tableaux progressait et la playlist avançait. Cinq ans après, je voulais retourner sur le lieu de ma première expo et refaire le plein de souvenirs magiques.

antoinerenault exposition exhibitionDéployer les 32 toiles sur les murs. Contempler le résultat d’ensemble pour la première fois. Y accueillir d’un coup la foule du vernissage. Le lendemain matin (pas trop tôt) ouvrir les portes aux premiers visiteurs et dégoupiller la bande son. Recevoir en vrai un couple d’Anglais fidèles depuis toujours sur Facebook. S’étonner d’en faire des amis en vrai deux soirs plus tard.

antoinerenault exposition exhibitionProfiter des moments privilégiés sous les toiles avec la famille et les amis. Déguster la lumière et suivre la marée en mettant une tête dehors, sur le port. Jouer au marchand de cartes postales.

Répondre aux questions enthousiastes de l’amateur. Assister au coup de foudre du collectionneur. A sa joie de revenir plusieurs jours de suite parler en silence à son tableau et le rêver sur son mur. Se laisser doucement envahir par l’émotion que provoque la toile de Mère Grand.

Oser peindre en live pour la première fois. antoinerenault exposition exhibitionS’amuser des groupes qui se forment derrière. Dire bonjour des centaines de fois pour déclencher les conversations. Se délecter de celles qui s’enclenchent avec les enfants.

Accueillir tous les commentaires. Finir par comprendre mieux ce qui fait la singularité du travail exposé. Dédicacer un art book. Se détendre sur un transat et regarder.

Et le dernier matin… se consoler d’être à la fin avec le p’tit-déj-pain-au-raisin de clôture promis par un voisin qui vous veut du bien.

Mère grand

Fin d’après-midi. Le thermique s’est calmé. Les dériveurs et les annexes sont remontés sur la plage. Les cousins sur la dune, les uns après les autres. Décoiffés par la brise. Du sable plein les pieds, du sel plein les yeux. C’était une chouette journée! De celles qu’il faut ralentir et faire durer car elles comptent double dans le souvenir des vacances. Bientôt l’heure de rejoindre nos chaumières respectives pour la soirée. Faire traîner, profiter… S’asseoir par terre côté Sud à l’abri du vent sur la terrasse de granit et réchauffer son dos contre le mur de chaux . Mère grand est toujours dans les parages.

"Grand-mère Maud" 2016©AntoineRenault acrylic on canvas 70x50cm

« Grand-mère Maud » 2016©AntoineRenault acrylic on canvas 70x50cm

Elle qui était si heureuse en mer n’a plus l’âge de naviguer. Elle suit dans la journée les voiles de chacun du haut de sa dune, dans le Noroît. Puis récolte les récits de chacun le soir côté Sud. La bande de lézards se retrouve pas loin de la porte de sa chambre. A l’entrée de cette caverne d’ombre parfumée de térébenthine, on refait le monde. La robe de grand-mère attrape les derniers rayons de soleil. L’air de ne pas y toucher, elle lance ces petites questions anodines qui permettent de jauger l’état des troupes, de recouper l’actualité de l’île et de la famille.  La complexité des arabesques qu’elle dessine avec sa canne dans le sable est proportionnelle à celle que ses pensées traversent. Et elles se concluent souvent d’un « et t’en pense quoi, toi? » ponctuée d’un petit rictus souriant, mélange de bienveillance, de malice et de doute.

Quand j’ai démarré cette toile, je savais que je la garderais pour moi. Privilège d’une conversation en face à face. A chaque coup de pinceau j’essayais d’imaginer ce que disaient les arabesques en dessous du tableau, invisibles. Pour la première fois, cette sensation d’être observé par mon sujet pendant que je peignais. Des heures à modeler ce visage jusqu’à ce que le regard et chacune des petites rides, ensemble, finissent par composer cet imperceptible sourire, inquisiteur et protecteur.

Promenade au paradis

Sailing to heaven ©antoinerenaultPremiers jours de septembre. Mon voilier semble deviner l’hivernage. Dernière journée de navigation. Elle a intérêt à être bonne, c’est assez dur comme ça. Soit distrayante, sportive, franche brise. Soit détendante, belle, mer calme. Là c’était du splendide. Cadeau de fin de vacances. Légère brume de grand beau dans la matinée qui s’étire. De bons amis sur la plage. DSC_0175bC’est ce matin là que je fais les images qui inspireront « Duel de Sauterelles ». Une baignade, un pique nique et on embarque! La surface est lisse. Souffle caressant,  juste suffisant pour glisser le long de la silhouette de la côte. Du mouillage jusqu’au port. Tout doucement. Le temps de profiter complètement du spectacle. Les yeux font de leur mieux pour remplir la mémoire. Plus je regarde cette île, plus je la trouve belle. Plus elle me manque.

"Sailing to heaven"  ©2016 Antoine Renault    Acrylic on canvas  Triptych 3x80x40cm

« Sailing to heaven » ©2016 Antoine Renault Acrylic on canvas Triptych 3x80x40cm

Se souvenir des belles choses

images« Depuis que je suis petit, j’ai une espèce de maladie: toutes les choses qui m’émerveillent s’en vont sans que ma mémoire les garde suffisamment » (JH Lartigue). Ses merveilles à lui sont souvent des moments. Je crois que j’ai cette même maladie. C’est peut-être pour ça que j’adore JH Lartigue.

Washing away from the soul the dust of everyday life AntoineRenault 2016   Acrylic on canvas 100x70cm

« Washing away from the soul the dust of everyday life » ©AntoineRenault2016
Acrylic on canvas 100x70cm    Inspired by JH Lartigue photography

 Ce photographe précoce est devenu peintre parce que photographie n’était pas encore une activité sérieuse. Il expose dans la même galerie que Monet à Paris. Amusantes coïncidences: j’ai découvert son travail à NYC l’année de sa mort (1986). Et il était devenu un grand nom mondial de la photographie à NYC l’année de ma naissance.

LIFE maagazinelartigue_autoLa chance sourit aux esprits préparés: En 1962, il a 100.000 clichés au compteur, mais se croît peintre. Lors d’une escale à NYC, une rencontre est organisée par un ami avec John Szarkowski, nouveau jeune conservateur du département  photographie au MoMa, . Coup de foudre. En 1963, à 69 ans, il expose pour la première fois en tant que photographe… au MoMa!!! En novembre de la même année, Life magazine lui consacre un article de 10 pages dans le numéro… qui raconte l’assassinat de JFK à Dallas quelques jours plus tôt. Il avait rencontré le jeune sénateur Kennedy 10 ans plus tôt chez des amis à Antibes. Ce numéro fait le tour de la planète et installe sa notoriété mondiale.

Picasso disait que « l’art sert à se laver l’âme de la poussière de tous le jours ». L’expression personnelle donne de la beauté et du sens à l’expérience humaine. Lartigue a passé une journée entière à photographier avec gourmandise Picasso et son univers. Il a fait ça toute sa vie: attraper ce qui l’émerveillait.

Son travail en couleur a récemment été exposé au FOAM d’Amsterdam. J’ai eu un coup de coeur pour 4 photos, dont celle de son amie Marie Bailey. Il aimait les femmes et cela se voit dans cette image.

L’île au pied d’Oia

Amoudi-Bay-swim-area-photo-from-the-godsavethescene-blogA l’abri de la falaise et de la foule. Pourtant, vingt mètres à la nage suffisent pour atteindre cet îlot. Spot de baignade parfait, le petit caillou s’appelle Agios Nikolaos (Saint Nicolas). Normal: il y’a dessus de une petite chapelle plein Sud qui regarde Nea Kameni au centre de la Caldera. Prendre le soleil sur son parvis est déjà un cadeau. Au-dessus de ton épaule gauche déjà bien bronzée, 100 mètres de falaises rouges avec le village d’Oia qui te regarde de tout en haut. Sous tes pieds, 400 mètres de fond et une eau cristalline

Donc tu peux plonger. Et du coup, c’est extrêmement bleu quand tu regardes en bas. Quand tu te redresses vers la surface, le jeu de reflets est enrichi par le blanc d’Oia, de la chapelle, et des falaises rouges. Et quand tu sors la tête de l’eau, c’est tellement beau que tu n’as plus tellement l’idée de replonger tout de suite. Juste de rester là à flotter, tourbillonner lentement pour profiter du panorama . Et t’accommoder du sourire béat qui reste bizarrement accroché à tes lèvres.

"Swinging lightly"  ©AntoineRenault2016   Acrylic on canvas 100x70cm

« Swinging lightly » ©AntoineRenault2016 Acrylic on canvas 100x70cm

 

Volviendo de Alojera

c28e3e2085992d58294abe38657d39d7Cette île-là se mérite. La Gomera: un petit caillou au Sud des Canaries. Un Cône qui arrête les nuages sur sa pointe et entretient une forêt millénaire sur son toît. C’est par là que passaient toutes les marchandises pour circuler d’une vallée à l’autre. Le centre d’une étoile de ravins qui tombent dans un Atlantique sauvage.

ply593_imgGM-D-171Une communication si compliquée que s’y est développée une langue unique: el silbo Gomero. La seule langue sifflée au monde. Encore parlée par la plupart des 20 000 habitants de l’île. Inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. « Le Grand Bleu » m’avait mis sur la piste d’Amorgos. Le clip « Silbo » du chanteur Féloche m’a entraîné sur cette île étonnante. Le royaume des lauriers centenaires, des bananiers, des baleines… et des randonneurs. Les balades sont toutes spectaculaires. Comme celle qui mène à Alojera. Le genre de coin où on arrive pas par hasard. Un minuscule port lové au creux d’une petite anse.

"Volviendo de Alojera"  ©AntoineRenault2016 70x50cm

« Volviendo de Alojera » ©AntoineRenault2016 70x50cm

Une des rares qui ne se trouve pas au fond d’un ravin. L’endroit est austère. Semble destiné à encaisser les tempêtes d’Ouest. Sa jetée en premier rôle. Si vous êtes au bout, cela ressemble à cela par beau temps. Et si vous y rester jusqu’en fin d’après-midi, vous réalisez qu’après une journée à casser de la houle le coin se régale en soirée d’un coucher de soleil qui permet de mieux comprendre les habitués en terrasse.

D’une crique à l’autre

rocher de l'Anse Rouge noirmoutier antoinerenaultCes matins d’été: quand la mer est d’huile, le soleil chaud et la mer haute… Le vent a disparu. Les plannings aussi. Aucune espèce d’organisation ne résiste à ce temps là. La contrainte minimum du déjeuner de famille cède tacitement. Les enfants s’éparpillent, chacun à son plaisir improvisé. S’offrir un festin de baignades par exemple.

"Allée du Cob" ©AntoineRenault2016  acrylic on canvas 100x70cm

« Allée du Cob » ©AntoineRenault2016 acrylic on canvas 100x70cm

vue aérienne bois de la chaise antoinerenaultPasser d’une crique à l’autre, d’une plage à l’autre. Plonger de l’estacade, puis des rochers de l’Anse Rouge, puis de la jetée Lasserre au Nord des Souzeaux… remonter dans le bois de la Chaize côté Ouest, et finalement bifurquer à droite pour retrouver l’étendue de la Clère s’afficher en panorama large au bout d’un canyon de chênes verts et de pins. La serviette commence à être franchement humide. Hâte de retrouver le sable chaud dans quelques mètres. Et ce repère familier qui va apparaître légèrement sur la droite: le rocher du Cob.

 

Parádeisos?

paradise beach antoinerenaultC’est ici! Paradise beach. C’est son nom. Il y en a sur toutes les belles îles, je sais. Mais ici c’est différent: on est sur Amorgos. Au bout d’un chemin, dans l’axe du coucher de soleil. La transparence est au rendez-vous. Le soleil aussi. Les falaises ocre dense. L’eau vert sinople. En fin d’après-midi, on peut sauter au-dessus du soleil et frôler le paradis.

"Parádeisos" ©antoinerenault2016  acrylic on canvas 100x100cm

« Parádeisos » ©antoinerenault2016 acrylic on canvas 100x100cm

A l’ombre d’un grand plongeon

Partir le matin par la plage. Slalomer entre les rochers de la pointe du Cob. Longer les Souzeaux. Pénétrer dans le bois. Surplomber l’Anse rouge. Monter encore. Les pieds nus sont habitués à éviter les racines de chênes verts. Sauter au-dessus d’une faille. Jeter un oeil au balcon du phare de la Pointes des Dames. Se souvenir de cette vue magique là-haut, où l’on pouvait surplomber la canopée quand on était enfant.  Descendre vers la plage en dérapage contrôlé sur la sapinette. Puis l’Estacade apparaît dans une trouée. Sud-Est. Soleil pleine face.

Estacde Noirmoutier AntoineRenaultLes pieds passent du granit frais aux poutres de chêne tièdes. Marcher sans trop regarder entre les planches, tout en bas, les vagues. Surtout, garder l’orteil cambré: un accident d’entre-planches a vite fait de ruiner au moins une précieuse semaine de vacances. Respirer le vent qui commence sa bascule vers le Nord-Ouest. A mi-parcours, ça sent déjà vraiment le large. Comme si on était en train de tirer des bords au milieu de la baie. Compter les éperlans dans les seaux des pêcheurs. Avancer tranquillement jusqu’au bout. Une fois arrivé, faire une pause: prendre le temps de profiter de la vue tout autour. Le bois est sublime vu d’ici.

Grimper sur la balustrade entre deux pêcheurs. S’élancer en plein air. Plonger dans le grand bleu. Ca y est. Les vacances ont commencé!

"In the shadow of a high dive"  ©AntoineRenault2016   acrylic on canvas 100x70cm

« In the shadow of a high dive » ©AntoineRenault2016 acrylic on canvas 100x70cm

Agia Anna

agia anna antoinerenault.comC’est un endroit béni des Dieux. A deux pas du Monastère de la Panaghia Chozoviotissa. L’un des deux plus anciens de Grèce. Mais c’est aussi au pied de Agia Anna (Sainte Anne). La plus belle chapelle d’Amorgos immortalisée par le film « le Grand Bleu ». Quand on descend la falaise sur sa droite, on trouve un petit abri de pêcheur parfait comme point de départ pour une plongée. Les rochers plats sous-marins créent des transparences superbes. L’endroit idéal pour un shooting. Et l’inspiration suit naturellement.

"Agia Anna"  ©AntoineRenault2016  acrylic on canvas 100x70cm

« Agia Anna » ©AntoineRenault2016 acrylic on canvas 100x70cm