Petits reflets au Petit Four

Reflets d’un nouveau genre. On est pas très loin de la plage mais ce n’est pas de l’eau. Il y a de la transparence, mais ce n’est pas la mer. Par contre c’est bien la même lumière…

C’est le meilleur abri pour les marins ayant navigué dans les 50èmes rugissants. Il s’appelle « Le Petit Four ». C’est le sweet home d’un ami qui vient d’avoir 50 ans, et les vitres d’en haut les ont sans doute fêté avant lui …

Ricochet

Acrylique sur toile 100×50       Antoine Renault

Ca commence souvent en se promenant sur la plage la tête en bas, vers les coquillages. On avance penché, lentement, très concentré. Trouver la plus jaune des littorines, le plus harmonieux verre poli, le premier grain de café. On décide de démarrer une collection, comme à chaque début d’été. L’un d’entre nous tombe sur un caillou tentant. C’est parti pour une compèt’. On ne nait pas tous égaux devant le ricochet. Il faut un double talent. De sélectionneur d’abord : préférer plat pour assurer le rebond, rond pour garder une forme homogène en rotation, pas trop fin et pas trop léger pour assurer une bonne stabilité de vol et une belle longueur de tir. Talent de lanceur ensuite : le bon angle au raz de l’eau, en dessous de l’épaule, la distance du premier rebond (pas moins de 5 mètres), … Mais tout cela ne peut rien contre un clapot contrariant. Choisir son moment reste donc la clé du succès. Par exemple, on voit bien ici que pour notre lanceur de gauche, le tir a du être aussi rapide et spontané que l’habillage du matin et que le retroussage de jeans. Mais sans doute réussi car on sent bien qu’à droite, on ne veut pas rater son coup …

Crevette jaune

Acrylique sur toile – 2012

Encore dix comme ça et il y aura de quoi recouvrir un fond de ramequin à l’apéro. Les jours de grande marée, ça se mérite. D’abord enfiler un Cotten pour se protéger du vent frais. Attraper le filet. Celui qui n’a pas trop de trous. Le plonger entre deux massifs d’algues et pousser droit devant. Calculer la vitesse. Pas trop vite pour ne pas mettre la pagaille là dessous. Pas trop lent non plus parce qu’il faut quand même arriver par surprise. Espérer que parmi toutes ces bestioles qui chatouillent les pieds, il y en aura bien quelques unes qui auront l’amabilité de se laisser piéger. Remonter au bon moment. C’est à dire quand on sent qu’on peut encore porter la cargaison de goëmon. Poser sur un banc de sable. Contempler son affaire comme un billet de loterie. Pas grand chose au tirage en général, mais au déblayage avec un peu de chance… Eviter les crabes verts. Attraper la plus grosse. Ne pas la lâcher surtout, jusqu’à ce que ses chances d’évasion soient considérées comme nulles. Penser à nouveau à l’apéro pour se donner du courage.

Sterna par mer d’huile

Acrylique sur toile – 2011  100×50  Collection privée

Trois noeuds de vitesse, c’est tranquille et idéal pour pêcher à la traîne. Moins vite, cela commence à ressembler à de l’immobilisme et on peu ranger la ligne. Il reste pourtant toujours un peu de déplacement. Un murmure de vent dans la toile, un léger courant de surface. Le plaisir change alors de nature. On oublie l’attente de la touche. L’attention se porte sur la conversation clapotique entre la coque et l’eau. La qualité du bruit dans cet immobile tranquille en dit d’ailleurs long sur l’élégance des formes. Une carène est d’abord dessinée pour avancer bien. Celle-là l’a prouvé en gagnant toutes ses participations aux régates du Bois de la Chaize dans sa catégorie. Mais elle doit aussi savoir se comporter par temps plat et offrir son meilleur reflet sur mer d’huile. Ici, le capitaine est aussi le constructeur. Dans un moment comme celui là, il est deux fois heureux.

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