On était bien. Il avait fait beau toute la journée. Comme si le titre de l’expo avait un peu intimidé l’hiver sans trop y croire. Au bord du fameux Prinsengracht (canal du prince) et à l’angle du Eglentiersgracht (comme son nom l’indique).
Il y a pile un an, on patinait sur ces canaux. Cette fois-ci, on trinquait sous les étoiles au milieu des toiles avec de la bonne musique. La galerie Rockarchive est un endroit plein de bonnes vibes. Les murs sont habitués aux clichés originaux sublimes de Jagger, Dylan ou Blondie… mais ils n’ont pas l’air contre quelques sirènes grecques pour changer. Le vernissage, ca fait partie de ces moments de bonheur prévisibles. L’instant parfait: entouré de la famille, d’amis et/ou de collectionneurs (souvent les mêmes), et du travail des douze derniers mois. Des visites surprises, du vin, des conversations jusque tard dans la nuit. On est bien.

Au dernier moment de la dernière heure du dernier jour, juste avant que je referme la galerie, une belle visite surprise: une voisine proche, figure de la chanson à Amsterdam et patronne d’un très ancien bar très fameux. Elle repart avec un dessin sous le bras.
Voilà… La salle immense est vide. Elle a abrité du sel pendant des siècles. De l’océan, du vent et du soleil pendant 10 jours. Je claque l’énorme porte en chêne massif. Je mets en bouteille un grand cru de beaux moments.
Déployer les 32 toiles sur les murs. Contempler le résultat d’ensemble pour la première fois. Y accueillir d’un coup la foule du vernissage. Le lendemain matin (pas trop tôt) ouvrir les portes aux premiers visiteurs et dégoupiller la bande son. Recevoir en vrai un couple d’Anglais fidèles depuis toujours sur Facebook. S’étonner d’en faire des amis en vrai deux soirs plus tard.
Profiter des moments privilégiés sous les toiles avec la famille et les amis. Déguster la lumière et suivre la marée en mettant une tête dehors, sur le port. Jouer au marchand de cartes postales.
S’amuser des groupes qui se forment derrière. Dire bonjour des centaines de fois pour déclencher les conversations. Se délecter de celles qui s’enclenchent avec les enfants.
Les reflets puissants qui jouent avec la surface créent un contraste fort et imaginent ce vert émeraude dense sous lequel se faufile ma fille avant d’aller prendre son petit déjeuner. Pas même le temps d’être verni, le tableau « Under the Levrossos beach » était attrapé à la sortie de son bain via Facebook par une charmante collectionneuse en Floride. Autorisation de sortie in extremis pour être exposée à Neuilly et Gif-sur-Yvette avant de s’envoler au-dessus de l’Atlantique.
L’homme est un être d’eau(65%) qui vit sur une planète d’eau (71%). Les lecteurs de cette revue qui naviguent sur des unités de plus de 40 mètres ont leur manière bien à eux d’en profiter. Ils seront 10.000 à le feuilleter, en anglais ou en mandarin. Certains naviguent encore à la voile et offrent à des 