Figer des reflets c’est attraper des formes fugitives. Qui se ressemblent toujours. Et qui n’en finissent pas de se transformer en d’autres formes. Dans une composition éternellement unique, à chaque instant.

J’avais en tête de peindre cette image depuis longtemps. Je me posais deux questions: arriverai-je à trouver le moyen de rendre la luminosité de ce moment? Et quel titre pourrai-je bien lui trouver? La lumière a fini par arriver. Le nom est un morceau de poème de Louise-Victorinne Ackerman. Une poétesse française dont j’ignorais le nom et l’oeuvre. Mais j’aime bien comment ces mots vont avec cette peinture.

A l’abri de la falaise et de la foule. Pourtant, vingt mètres à la nage suffisent pour atteindre cet îlot. Spot de baignade parfait, le petit caillou s’appelle Agios Nikolaos (Saint Nicolas). Normal: il y’a dessus de une petite chapelle plein Sud qui regarde Nea Kameni au centre de la Caldera. Prendre le soleil sur son parvis est déjà un cadeau. Au-dessus de ton épaule gauche déjà bien bronzée, 100 mètres de falaises rouges avec le village d’Oia qui te regarde de tout en haut. Sous tes pieds, 400 mètres de fond et une eau cristalline
C’est ici! Paradise beach. C’est son nom. Il y en a sur toutes les belles îles, je sais. Mais ici c’est différent: on est sur Amorgos. Au bout d’un chemin, dans l’axe du coucher de soleil. La transparence est au rendez-vous. Le soleil aussi. Les falaises ocre dense. L’eau vert sinople. En fin d’après-midi, on peut sauter au-dessus du soleil et frôler le paradis.
C’est un endroit béni des Dieux. A deux pas du Monastère de la Panaghia Chozoviotissa. L’un des deux plus anciens de Grèce. Mais c’est aussi au pied de Agia Anna (Sainte Anne). La plus belle chapelle d’Amorgos immortalisée par le film 

Grande chaleur. On se faufile entre les énormes paquebots du port. Dans ce port, la mer a déjà la couleur qu’il me faut. Les collines d’Athènes disparaissent dans le sillage. De longues heures à slalomer entre les îles pendant que le soleil descend. Amorgos est une île qui se mérite. Les plus belles demandent un peu de patience. Le temps de prendre son temps. Faire des photos. Dessiner. Prendre sa première ration de soleil grec en rêvant d’un endroit qui va réussir à nous émerveiller. Encore.



Au pied du plus chouette petit restaurant de la terre, elle continue d’accueillir un ou deux bateaux par jour en pleine saison. C’est sur son dos que j’ai pris une bonne partie des photos qui ont inspiré ma série de 2014. L’eau est toujours aussi belle. On fait semblant d’hésiter à y retourner. Il faut reconnaître que l’on n’est pas mal, aussi. Là. Assis sur ces planches de bois blanchies au sel. Poncées en douceur par des années de pieds sablonneux venus débarquer un peu de poisson frais et des cageots de bière à mettre au frais. »