Course poursuite entre deux centenaires

Plaisir des yeux

Naviguer en régate sur ces bateaux est d’abord un plaisir pour les yeux. La silhouette des coques est d’une élégance folle. Les courbes parfaites et lisses doublent le plaisir par effet mirroir. Leurs élancements ont l’audace d’un temps où les plus belles lignes étaient aussi les plus performantes. Ces bijoux de charpente marine vaquent d’un plan d’eau à l’autre, bichonés comme des chevaux de course.

Montrer sa poupe

L’annonce du départ sort les derniers rêveurs de leur méditation esthétique. Tous les regards sont sur LA ligne. L’adrénaline monte. On compare les vitesses, évalue les positions, calcule le meilleur angle… Et c’est parti pour une longue parenthèse haute en concentration pendant laquelle la seule chose qui compte est d’être devant à la bouée. Pour réussir à montrer sa poupe aux autres concurrents, l’équipage recherche en permanence le bon réglage et la répartition optimale des poids.

Un centenaire derrière l’autre

Ces deux coques mythiques se fréquentent depuis longtemps. Enchantement IV était l’adversaire d’Aile VI aux sélections olympiques de 1928 où il n’avait du sa défaite qu’à un démâtage en deuxième manche. Il n’aurait pas fait mieux qu’Aile VI néanmoins. Conduit par l’incroyable navigatrice Virginie Hériot, la « queen of yachting » comme l’appeleaient les anglais, il remporte cette année-là une des 6 médailles d’or françaises.

Equipage à la gîte

L’image illustre bien l’atmosphère de la régate. Elle est inspirée par le travail de l’excellente photographe Valérie Lanata. J’aime bien sûr les reflets dans la coque. Mais aussi les regards de l’équipage tournés vers Aile VI, les postures à la gîte et ce qui se passe au premier plan: Là où les docksides s’emmêlent et s’entremêlent avec leur reflet dans la coque. J’ai choisi de travailler le moins possible cette zone pour que l’on puisse y profiter des imperfections qui font l’intérêt d’une peinture : des fenêtres sur la sous-couche orangée, des formes peu dessinées. Et j’ai construit le tableau pour qu’elle soit le point d’intérêt.

Passage entre ciel et voile

Pour mieux attirer le regard vers cette zone de la toile et calmer visuellement l’arrière plan, j’ai effectué un « passage » entre le ciel et les voiles, et un autre entre les chênes verts du bois de la Chaise et les cheveux des équipiers. Cette technique consiste à ne pas laisser de séparation entre deux formes. Quand leur couleur d’origine est différente comme ici, il faut d’abord trouver le meilleur consensus coloriel entre les deux zones. Puis fondre ces deux formes en une même couleur. La séparation n’existe plus. Cela n’empêche pas le cerveau de l’interpréter mais invite le regard ailleurs, la où les formes sont plus distinctes. J’aime beaucoup cette technique. Pour les peintres réalistes, elle est un bon moyen de redonner le pouvoir à la peinture sur l’image et d’ajouter une abstraction légère.

Commande du CVBC

A l’origine de ce projet, une commande du Cercle de Voile du Bois de la Chaise pour son affiche des régates 2023. Merci à l’équipe de ce club pour sa confiance. C’est chaque fois un grand plaisir de contribuer aux affiches des régates de notre île de Noirmoutier. Comme pour les 25ème et 30ème éditions des Régates du Bois de la Chaise.

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