Quand on plonge dans l’eau, il y a trois moments de légèreté extraordinaires. D’abord l’impulsion pour s’élever dans l’air. Avec cette micro seconde où l’on ne monte plus mais on ne descend pas encore. Le moment où l’hypothèse de la gravité pourrait être questionnée. Cet instant précis où l’on vole, qui fascine tant le peintre et danseur génial Darvish Fakhr.
Puis il y a la rencontre avec la surface. Le passage du gazeux au liquide. La claque de fraîcheur. Le réflexe d’immersion appelé aussi « Le Principal Interrupteur de Vie » par les scientifiques se met en place immédiatement: Au moment où notre visage rentre en contact avec l’eau, la métamorphose commence. Le sang remonte dans les mains et les pieds, le battement cardiaque ralentit de 25% par rapport à la normale. On se prépare à devenir un animal un peu plus aquatique et un peu moins terrestre.
Enfin, on est dessous. Le silence opaque après le grand splash. Tous les bruits du monde sont annulés… En légèreté totale. On vole en apesanteur. Plus on reste longtemps, plus notre esprit entre en état de méditation. Je me trouve tellement bien sous l’eau que lorsque j’étais enfant, j’ai longtemps rêvé de trouver le moyen d’y respirer naturellement. Y rester indéfiniment. Il ya tellement de choses à observer dans la tranquillité la plus totale. C’est tellement relaxant.
La construction de ce tableau ressemble d’ailleurs à une entrée en méditation. J’ai plongé dedans avec une première couche de dessin monochrome au pinceau. Puis j’ai couché du bleu en plusieurs couches fines. Enfin j’ai passé des heures à sculpter les formes bleutées de ces nuages d’écume sous-marine. Et c’est à cette étape-là que je suis entré moi-même en méditation. Il y avait là quelque chose d’assez hypnotique: rajouter un peu de rose, revenir avec un léger passage de gris, intensifier avec du bleu, faire claquer la lumière avec du blanc pur. Chaque coup de pinceau changeait la forme et la légèreté du nuage. J’ai adoré ça !