Voilà… La salle immense est vide. Elle a abrité du sel pendant des siècles. De l’océan, du vent et du soleil pendant 10 jours. Je claque l’énorme porte en chêne massif. Je mets en bouteille un grand cru de beaux moments.
Un an que je travaillais dans mon atelier d’Amsterdam en pensant à cet endroit. Chaque week-end, le stock de tableaux progressait et la playlist avançait. Cinq ans après, je voulais retourner sur le lieu de ma première expo et refaire le plein de souvenirs magiques.
Déployer les 32 toiles sur les murs. Contempler le résultat d’ensemble pour la première fois. Y accueillir d’un coup la foule du vernissage. Le lendemain matin (pas trop tôt) ouvrir les portes aux premiers visiteurs et dégoupiller la bande son. Recevoir en vrai un couple d’Anglais fidèles depuis toujours sur Facebook. S’étonner d’en faire des amis en vrai deux soirs plus tard.
Profiter des moments privilégiés sous les toiles avec la famille et les amis. Déguster la lumière et suivre la marée en mettant une tête dehors, sur le port. Jouer au marchand de cartes postales.
Répondre aux questions enthousiastes de l’amateur. Assister au coup de foudre du collectionneur. A sa joie de revenir plusieurs jours de suite parler en silence à son tableau et le rêver sur son mur. Se laisser doucement envahir par l’émotion que provoque la toile de Mère Grand.
Oser peindre en live pour la première fois. S’amuser des groupes qui se forment derrière. Dire bonjour des centaines de fois pour déclencher les conversations. Se délecter de celles qui s’enclenchent avec les enfants.
Accueillir tous les commentaires. Finir par comprendre mieux ce qui fait la singularité du travail exposé. Dédicacer un art book. Se détendre sur un transat et regarder.
Et le dernier matin… se consoler d’être à la fin avec le p’tit-déj-pain-au-raisin de clôture promis par un voisin qui vous veut du bien.