Il y a un moment où cela devient trop tentant. Faire exploser le calme, le lisse. Transformer les reflets verts en mousse blanche et ombres mauves. Dessiner un cercle d’écume parfait.
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Chapeau!
Sortie du bleu, en jaune, une après midi de fin Aout. Plage de la Clère. Grand beau temps. L’eau est douce. Le soleil tape, le sable chauffe. En fin d’après-midi, c’est plus agréable. Ces jours là sont plus agréables de toute façon. Goûter l’eau à mi-jambe histoire de se rafraîchir. Surveiller les enfants. Remonter en courant pour jouer à devancer une vague. Ces jours là, les ombres sont belles.
Goûter l’eau
C’est pas grave. Retourner au même endroit, c’est parfois bien quand même. Cette jetée n’a pas bougé. Légèrement plus rouillée après deux ans. On dirait que les tempêtes d’Est ne lui font même pas mal.
Au pied du plus chouette petit restaurant de la terre, elle continue d’accueillir un ou deux bateaux par jour en pleine saison. C’est sur son dos que j’ai pris une bonne partie des photos qui ont inspiré ma série de 2014. L’eau est toujours aussi belle. On fait semblant d’hésiter à y retourner. Il faut reconnaître que l’on n’est pas mal, aussi. Là. Assis sur ces planches de bois blanchies au sel. Poncées en douceur par des années de pieds sablonneux venus débarquer un peu de poisson frais et des cageots de bière à mettre au frais. »
L’affiche des régates est arrivée !
C’est comme cela chaque Printemps depuis 25 ans. A Pâques, on espère la nouvelle affiche des régates du Bois de la Chaise. Cet événement de yachting classique fait partie de l’île de Noirmoutier. L’île fait partie de ma vie. Les régates et leur affiche aussi.
Ces régates ressemblent à leur île. Depuis plus d’un siècle (1895), les yachtmen du Bois de la Chaise cohabitent l’été avec les marins locaux. Tout ce petit monde se croise à pied les jours de grande marée, un filet à la main. En vélo les jours de marché.
Et entre les bouées d’un parcours au large du fameux bois de chênes verts à mi Août. Spectacle équitable : aussi beau et joyeux pour les équipiers que pour les promeneurs. Les camaïeux d’ambre des vieux gréements font vibrer les bleus de ciel et de mer. Les silhouettes parfaites des coques à l’échouage hypnotisent les photographes. Trois jours de réjouissance bon enfant qui se terminent en banquet au pied du vieux château. C’est là que les équipages décoiffés aux embruns refont le match : les lancement de spi acrobatiques, les passages de bouée hasardeux, les remontées spectaculaires … Et le souvenir des chants d’Eric Tabarly à ces mêmes tablées enveloppe tout ce petit monde d’une réconfortante certitude : être entre marins aussi conviviaux qu’avertis. L’équipage de Pen Duick qui ne s’y trompe pas ne rate d’ailleurs jamais cette étape.
Depuis 1989, l’association La Chaloupe fait renaître les vieux gréements de prestige au travers de cette fête patrimoniale. Chaque année, elle commande une création à un peintre pour l’affiche de saison. La contribution de certains anciens (Paul Vincent Darasse) et contemporains (Morlaine) ont marqué cette collection et nourri mon inspiration. En 2014, pour fêter ses 25 ans, l’association fait appel à concours. J’en suis. Me régale sur un petit format carré de 50cm. Devine bien que le sujet ne correspond pas idéalement au brief. Ne suis pas retenu pour l’affiche… mais le tableau est exposé avec les autres sur la place d’Armes et fait la couverture d’Artistes magazine.
Décembre 2014, je suis en train de fêter avec des amis l’arrivée de Noël dans un très ancien bar du port d’Amsterdam quand Marie Bruley, Chargée de l’évènementiel pour l’île et administratrice de l’association, me contacte pour me proposer mon premier cadeau : l’affiche 2015. Après une revue de mes centaines de clichés sur les régates, je tombe sur une image faite par la talentueuse photographe Valérie Lanata. Pas mieux ! Quelques mois, de nombreux mails et des heures au chevalet plus tard, la toile est prête. Amsterdam-Rennes bien à l’abri dans une solide caisse en bois. L’essai est superbement transformé par un photographe breton et un imprimeur vendéen. Rarement vu une reproduction si fidèle de tableau.
Cette semaine, dans le bureau de l’Association, nous fêtions l’ouverture de cette saison 2015 et le lancement de l’affiche avec la presse. Chaleureuse bâtisse en bois posée sur le quai Sud du vieux port, baignée par une belle lumière d’Ouest. En écoutant le passionné président Christian Demur rappeler l’histoire des régates aux journalistes, j’ai eu deux pensées amusées. Pour mon père, qui a gagné ces régates dans la catégorie « petit canot à voile » en multi récidiviste jusqu’à ses 80 ans sur Sterna, un bateau fait de ses mains. Et pour un de mes fils qui a sans doute trouvé là un brin d’élan dans le choix de son métier : charpentier de marine.
J’étais bien sous ce soleil d’Ouest.
Felicita, Melissa, Sarah…
Mon premier est une collectionneuse merveilleuse, mon deuxième est une toile magique, mon troisième est une photographe généreuse. Mon tout ci-dessous.
Tout commence au moment où c’est fini. La décision de ne plus rajouter de touche, de poser les pinceaux. Apposer la signature. S’interdire tout retour. Cette décision est pour moi une des 4 étapes clé qui font le tableau : le choix du sujet, le cadrage, le format … et le moment d’arrêter. Entre les deux, un chemin toujours incertain, aléatoire, intuitif.
Quand j’ai fini « Felicita », j’ai senti que désormais je trouverais ce chemin, quel que soit le sujet. Le format s’était imposé : plus de stock. Dernier petit châssis qui traînait au fond de mon atelier de Noirmoutier. J’avais envie de peindre ce sujet depuis longtemps. J’ai aimé le résultat. Décidé de garder cette toile pour moi puisqu’elle était une étape.
Quand Melissa m’a écrit depuis Calagary, c’était pour « Felicita »… En quelques mails, j’ai fait connaissance avec une surfeuse voyageuse. Aussi rapide sur ses coups de cœur que patiente avec mes coups de pinceaux. Une belle rencontre. Elle cherche une toile pour son refuge au pied des montagnes canadiennes. Pouvoir contempler le calme et la chaleur un peu sauvage des spots où elle surfe en Amérique du Sud pendant les soirées d’hiver sous la neige. « Felicita » est parfaite… mais interdite de sortie. S’en suivent donc des semaines à s’échanger des clichés. Une image nous met finalement tous les deux KO et d’accord. Une image forte. Melissa la veut en grand.
Quand j’ai écrit à Sarah, c’était pour Melissa. Sarah Lee est une de mes photographes préférées. Une hawaïenne surdouée. Qui travaille parfois avec un autre de mes photographes favoris, l’Australien Mark Tipple. Elle capte l’eau comme j’ai envie de la peindre. Je peux reconnaître ses clichés avant de lire sa signature. J’avais déjà fait quelques projets à partir de son travail. Je lui demande un permis de peindre. Avant de s’enfoncer dans la jungle de Bali, elle me dit que d’accord.
J’ai enfourché mon vélo pour aller acheter un châssis. Grand. Et un rouleau de toile. Long. Quelques semaines plus tard, un rouleau filait à l’indienne pour l’Alberta.
Scarlett, Amagansett et une piscine
Il y a à peu près un an, Scarlett Johansson choisissait sa nouvelle piscine dans ce bel endroit. Amagansett. Près des plages de Montauk où j’adorais passer mes week-ends lors de mes années new-yorkaises. A la même époque, à quelques mètres de sa propriété, des voisins australiens passionnés de surf, de natation… et d’art contemporain me contactent.
Une belle conversation s’engage avec ces nostalgique de Bondi beach. Mon tableau « Where is the cliff » atterrit chez eux peu de temps après. Et c’est de cette conversation que naît l’idée de cette nouvelle toile. Variation autour de « Rouge ».
Posted by ANTOINE RENAULT – ocean paintings on dimanche 22 mars 2015
Du sel sur tes lèvres
Ce bain était tellement bon. On se sent tellement bien maintenant. Profiter de l’instant. Suivre les vagues. La tête dans les nuages, les pieds dans le sable. Chaud. Le regard perdu, loin, dans les partitions de bleus. Instant parfait. On ne sait plus exactement où l’on est. Mais ce goût du sel sur les lèvres : on sait que l’on vient de l’océan.
Ce geste dit que la journée sera belle
Il y a des attitudes. Des gestes automatiques, rituels. Quand ils sont fait au bord de l’océan le matin avec cette belle lumière d’Est, ils n’ont plus vraiment la même valeur. Ici , le geste est beau à regarder Mais surtout, il parle : il déclare cette journée belle et réussie. Par avance. C’est comme ça !
L’étonnante rencontre de Kane et Sandra au Nord de la Sunshine Coast
Il y a quelques semaines, je ne connaissais encore aucun des deux. J’avais juste une très belle image dans mon tiroir à inspirations. Je me décidai à la peindre dans mon atelier de Noirmoutier.
Contrairement à ce que je fais habituellement dans ce cas, cette fois je réalise la peinture avant de contacter le photographe et je choisis d’imaginer la petite histoire derrière l’image avant de baptiser la toile. Après plusieurs journées passés à la peindre, je conclue qu’il s’agit plutôt une lumière de coucher que d’un lever. J’imagine une plage d’Indonésie ou d’Australie.
Cette lumière me fascine. Elle me rappelle ces fins d’après midi où les conditions sont tellement bonnes pour le windsurf que l’on ne peut plus décider d’arrêter. L’obscurité finit par trancher. Mais on est quand même tenter d’y retourner pour une bonne dernière belle sensation. J’appelle donc cette toile « Une petite dernière vite fait ? ». Et juste avant de poster cette peinture sur ma page Facebook, je recherche l’auteur de l’image. Je tombe sur Kane Brown, un jeune photographe australien talentueux de Queensland. Message envoyé à 23:00 en lui demandant l’autorisation de publier, et s’il aurait la gentillesse de me raconter un peu d’histoire de cette image.
Réponse dans ma boîte avant le p’tit déj. Kane est OK pour publier. Cette photo fait partie d’une série qui a connu un beau succès. Sandra est à l’origine de ce cliché incroyable. Sandra, c’est le cyclone qui a levé de sévères brises au large de la mer de Corail il y a un an. Kane et ses potes savaient qu’en cas de très gros swell, un spot au Nord de la Sunshine coast pouvait donner des vagues juste parfaites. Des heures de routes en matinée… sans savoir si la récompense serait là. Comme le swell est énorme, les conditions sont impraticables sur la plupart des plages aux alentours. Finalement, arrivée sur LA plage en milieu d’après-midi. Totalement déserte. Lumière parfaite. Vagues divines.
Kane a profité du swell de Sandra littéralement jusqu’à la nuit. Et ce dos sur l’image, c’est un de ses amis qui ne résiste pas à la tentation d’y retourner. Prendre une dernière vague avant que cela devienne vraiment trop sombre. La peinture était donc bien nommée… mais cette histoire me donne envie de le rebaptiser. Ce sera plutôt « Swell Sandra » (Swell girl = Chic fille). Merci Kane !! 🙂