Crevette jaune

Acrylique sur toile – 2012

Encore dix comme ça et il y aura de quoi recouvrir un fond de ramequin à l’apéro. Les jours de grande marée, ça se mérite. D’abord enfiler un Cotten pour se protéger du vent frais. Attraper le filet. Celui qui n’a pas trop de trous. Le plonger entre deux massifs d’algues et pousser droit devant. Calculer la vitesse. Pas trop vite pour ne pas mettre la pagaille là dessous. Pas trop lent non plus parce qu’il faut quand même arriver par surprise. Espérer que parmi toutes ces bestioles qui chatouillent les pieds, il y en aura bien quelques unes qui auront l’amabilité de se laisser piéger. Remonter au bon moment. C’est à dire quand on sent qu’on peut encore porter la cargaison de goëmon. Poser sur un banc de sable. Contempler son affaire comme un billet de loterie. Pas grand chose au tirage en général, mais au déblayage avec un peu de chance… Eviter les crabes verts. Attraper la plus grosse. Ne pas la lâcher surtout, jusqu’à ce que ses chances d’évasion soient considérées comme nulles. Penser à nouveau à l’apéro pour se donner du courage.

Jetée d’écume

"Jetée d'écume" A Renault - 2012 - 70x50cm

Acrylique sur toile – 2012

Il faut attendre un certain moment, à marée montante. Si la houle est suffisamment bonne, il y a toujours une des trois vagues de la série qui vient claquer la jetée avec insolence pour voir si on va la lui rendre. Histoire de nous provoquer un peu mieux, elle lance son écume arrogante à deux mètres de haut. C’est vif, ça fouette, ça rafraîchit. On pense qu’on est en lieu sûr sur la jetée… mais on est jamais si sûr que cela en face des montagnes de chantilly salée sous pression. C’est bien là l’intérêt du jeu !

Sterna par mer d’huile

Acrylique sur toile – 2011  100×50  Collection privée

Trois noeuds de vitesse, c’est tranquille et idéal pour pêcher à la traîne. Moins vite, cela commence à ressembler à de l’immobilisme et on peu ranger la ligne. Il reste pourtant toujours un peu de déplacement. Un murmure de vent dans la toile, un léger courant de surface. Le plaisir change alors de nature. On oublie l’attente de la touche. L’attention se porte sur la conversation clapotique entre la coque et l’eau. La qualité du bruit dans cet immobile tranquille en dit d’ailleurs long sur l’élégance des formes. Une carène est d’abord dessinée pour avancer bien. Celle-là l’a prouvé en gagnant toutes ses participations aux régates du Bois de la Chaize dans sa catégorie. Mais elle doit aussi savoir se comporter par temps plat et offrir son meilleur reflet sur mer d’huile. Ici, le capitaine est aussi le constructeur. Dans un moment comme celui là, il est deux fois heureux.

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