Certaines ont plusieurs vies

Cette toile là est née un matin sur une plage déserte d’Amorgos, en Grèce. Un cliché pris depuis le bout d’une jetée fragile.

37 - jetéeLes reflets puissants qui jouent avec la surface créent un contraste fort et imaginent ce vert émeraude dense sous lequel se faufile ma fille avant d’aller prendre son petit déjeuner. Pas même le temps d’être verni, le tableau « Under the Levrossos beach » était attrapé à la sortie de son bain via Facebook par une charmante collectionneuse en Floride. Autorisation de sortie in extremis pour être exposée à Neuilly et Gif-sur-Yvette avant de s’envoler au-dessus de l’Atlantique.
Moins d’un an plus tard, le directeur artistique de la revue 71% me demande les droits de cette image pour illustrer un numéro spécial Arts. J’aime bien le nom de cette revue. IMG_0374L’homme est un être d’eau(65%) qui vit sur une planète d’eau (71%). Les lecteurs de cette revue qui naviguent sur des unités de plus de 40 mètres ont leur manière bien à eux d’en profiter. Ils seront 10.000 à le feuilleter, en anglais ou en mandarin. Certains naviguent encore à la voile et offrent à des chantiers navals privilégiés l’occasion de réaliser des chefs d’œuvre insensés. Dans le monde de rêve qui s’ouvre entre les pages de ce magazine, c’est ceux qui m’inspirent le plus. Rêver sur l’eau, c’est toujours délicieux. Et  en attendant de vous offrir un super yacht, vous pouvez commencer par feuilleter ce splendide magazine ici.

Oxygen

™ Oxygen - Antoine Renault 2013 - Acrylic on canvas 73x54cm

™ Oxygen – Antoine Renault 2013 – Acrylic on canvas 73x54cm

Après une lente et longue marche sous-marine, Elvire se mit à nager. Planer sous l’eau pendant de longues minutes. A s’en laisser pousser des nageoires. Oui mais on ne devient pas sirène du jour au lendemain. Il faut faire le plein d’oxygène avant de se faufiler sous la surface. Et si dans élan de générosité on veut bien relâcher un peu d’air avant de remonter, cela offre des bulles magiques. Des petites montgolfières nacrées. Ce matin à Levrossos était décidément parfait.

Diafaneia

Cela veut dire transparence en grec.

focus cheveuxDernier matin. Premier bain.

La plage de Levrossos est déserte, comme chaque jour. Petit déjeuner gourmand au milieu d’un jardin luxuriant : il est de toute évidence la principale passion du propriétaire des lieux.  Quel programme pour ce matin ? Barboter dans l’eau claire !  Avancer vers la sortie de la crique. Marcher tranquillement jusqu’à ce que la pente très douce finisse par nous plonger dans l’atmosphère liquide. Avancer encore. Se retrouver enveloppé d’une eau parfaitement tempérée. Raccord avec l’air que l’on respire. D’air et d’eau. L’impression de flâner sur le sable blanc, tout entouré de légers courants … d’air et d’eau. Pourquoi abandonner cette parfaite sensation et se mettre à nager ? C’est comme marcher sur la lune. L’eau nous porte un peu plus longtemps à chaque pas. Un peu plus haut à chaque impulsion. Suffisamment pour continuer de progresser bien que l’on ait plus pied.

™ Diafaneia - Antoine Renault 2013 - 100x100cm

™ Diafaneia – Antoine Renault 2013 – 100x100cm

Elvire joue avec ses boucles qui s’emmêlent. Elle a inspiré cette toile, peinte à Noirmoutier deux mois après la baignade grecque. Et la toile a filé deux semaines plus tard à Ocala (Floride, USA) faire le bonheur d’une collectionneuse.

Zen comme un Zener


"Zen comme un Zener" - Antoine Renault 2013 - 100x100cm

Il y a 6 ans exactement. Une semaine de Pâques glaciale à NYC. La neige est avec nous sur Central Park. Promenade dans Chelsea sous un ciel bien bas. Arrêt dans la galerie Henoch. Et là …. Lumière, reflets, transparence, fluidité, et une immense impression de sérénité. Choc visuel devant les toiles d’Eric Zener !!! Une découverte qui m’a énormément inspiré. Un peintre que je suis de près depuis et qui a la gentillesse de me confier parfois quelques conseils. Ce WE de Pâques dernier, j’ai osé essayer une copie pour la première fois. Un sacré défi, et un immense plaisir à la fois : j’adore ce que cette image dégage. Bonne nouvelle pour vous si vous passez à NYC en ce moment. Eric est à nouveau exposé en solo à la galerie Henoch depuis jeudi dernier.

« Perspective de sirène »

Antoine renault 2012 – Acrylic on canvas – 80x80cm

Les voiles d’avant piaffent. Prendre le vent avant les autres, c’est leur boulot. Mais dans un temps comme aujourd’hui, c’est un privilège. Le bout dehors est à la hauteur de leur impatience et les emmène chercher de la traction loin devant la proue. La trinquette enchaîne en transition juste derrière. La carène taillée pour le large a pris son rythme, bien callée sur le flanc tribord. Elle divise la houle dans une parfaite impartialité, la laissant se refermer derrière dans un sillage léger mais élaboré.

Le spectacle de ce cotre puissant qui file plein ouest pourrait en impressionner plus d’un. Pas la mer… Elle est sa raison d’être, son terrain de jeu. Elle est à la source. L’inspiration de son architecte, la passion de ses charpentiers. Elle décide de tout et révèle tout. S’il est beau dans ses lignes, c’est pour elle et grâce à elle.

D’ailleurs, cela ne la laisse pas insensible, la mer. Pour la première fois, elle qui d’habitude contrôle si bien tout autour, du clapot du jour aux risées de bonne humeur. Elle  se laisse cette fois complètement dépasser par ses émotions. Un battement de cœur lui échappe. Soulève un ourlet d’une transparence lumineuse. Lance quelques perles joyeuses …

« Wavy »

Acrylic on canvas - Antoine Renault - 2012Il faisait doux ce matin. Facile de se lever tôt : il suffisait de regarder le haut des arbres dans le ciel de la fenêtre pour comprendre que la journée allait être généreuse. Ces jours là, il vaut mieux les attraper en entier. Etre le premier sur place pour s’en mettre plein les yeux. Sur la plage, les orteils plongent dans le sable et s’offrent le premier massage du jour . L’air n’est pas parfaitement pur. Comme un reste de brumisation laissé par l’aube, qui fusionne un peu les lignes d’horizon et arrange les contours. La mer se régale à l’avance : la brise thermique sera là dans quelques heures, comme une bonne surprise hyper prévisible.  La lumière est fière : ses couleurs du jour sont particulièrement réussies et le tracé des ombres très sûrs. Elle profite d’une tignasse salée pour montrer l’étendue de sa palette: du blanc au noir en passant par tous les blonds. Le thermique se fait la main en balançant une petite risée dans cette brillante composition, histoire d’admirer au moins une épaule dorée. Très belle, cette épaule !